Comment définir le ‘bureau’ ?
Selon le Larousse, le ‘bureau’ signifie à la fois :
– un meuble comportant une table pour écrire et des compartiments de rangement (ex. acheter un bureau),
– une pièce destinée au travail intellectuel ou à la réception de clients, de visiteurs (ex. travailler dans son bureau),
– un lieu de travail des employés d’une administration ou d’une entreprise (ex. aller au bureau, comme on dirait ‘aller à l’usine’).
Le mot ‘bureau’ relève d’une figure de style qui consiste à prendre la partie pour le tout.
Le mot ‘bureau’ vient du mot ‘bure’, un épais tissu que l’on posait sur une table pour y compter l’argent sans bruit et pour protéger les incunables (beaux ouvrages). Le terme de ‘bureau’ s’impose au XVIIIe siècle.
Le pouvoir d’être assis
Selon Pascal DIBIE, dans son ouvrage ‘Ethnologie du bureau’, l’homme s’est assis pour affirmer son pouvoir. Le bureau offre à la fois une fonction et une crédibilité : avoir son bureau !
Le roi est souvent représenté assis sur son trône. Le fauteuil ferait donc office de trône royal laïcisé.
Et l’histoire du bureau rejoint l’histoire de l’humanité qui s’est assise pour avoir du pouvoir.
Le principal attribut du bureaucrate est d’être assis.
Dans le domaine judiciaire, les Assises sont le lieu où se jugent les crimes, preuve du pouvoir de la justice.
Nous sommes assis en moyenne 7 h 24 lors d’une journée normale de semaine. La référence en matière de sédentarité est de 7 h par jour, selon l’ONAPS (Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité).
Pourtant nous sommes souvent passés de l’école au bureau. Et à l’école, la posture assise nous rendait obéissant, en facilitant l’intériorisation de la contrainte.
Le bureau dans l’histoire
Le travail de bureau remonterait à l’Antiquité. Les scribes écrivent en tailleur avec une tablette sur les genoux (le parallèle pourrait être fait avec les travailleurs actuels et leur ordinateur). Ils sont itinérants. Ils ont un rôle de comptables et d’écrivains publics.
Les moines copistes travaillent dans des scriptoriums. Leur rôle est d’écrire pour enrichir les bibliothèques. La plupart travaillent debout, sauf les grands moines copistes qui ont le droit d’être assis.
C’est dans l’entre-deux guerres, avec le basculement de l’agraire au tertiaire, que se développe le travail de bureau.
Au XXe siècle, à l’usine, les ‘cols blancs’ deviennent plus nombreux que les ‘cols bleus’. On s’intéresse alors à l’organisation des espaces de travail par l’aménagement des bureaux.
Le bureau a été la source de nombreux progrès en matière de climatisation, propreté, luminosité, chauffage… qui se sont par la suite installés dans les foyers.
Le bureau traditionnel
C’est un bureau individuel.
Il se présentait autrefois sous forme de meubles encombrés de documents, de blocs-notes et de pots à crayons…
La plupart des fournitures ont disparu aujourd’hui au profit des icônes du bureau virtuel d’ordinateur :
– les documents se sont transformés en fichiers et en mémos,
– Wikipédia est devenu notre dictionnaire,
– notre carnet de contacts s’appelle LinkedIn,
et tout le reste tient dans notre poche sous forme de smartphone.
Les sociologues diraient que le bureau participe à la ‘société de l’enfermement’. Notre vie sociale pourrait se résumer à une suite de lieux d’enfermement : la crèche, l’école, l’usine, le bureau, l’hôpital, la maison de retraite, et quelquefois la prison.
Le bureau individuel est souvent réservé aux responsables, cadres et membres de la direction, même dans les entreprises aux aménagements de bureaux hybrides.
Sources visuels : Freepik
Une courte vidéo pour illustrer la transformation du bureau en bureau virtuel :